Six remèdes simples pour empêcher l’automne de nous plomber le moral Par Sarah CAILLAUD O.F. 031020
Pluie, vent frais,
ciel gris et chute des températures… L’automne a pointé le bout de son nez,
balayant les derniers sursauts de l’été. De quoi plomber le moral. Il existe
tout de même des solutions pour garder le sourire. Un psychiatre nous éclaire.
Rien de nouveau sous le soleil. Et sous
la pluie non plus. Tous les ans, à l’arrivée de l’automne, c’est la même
rengaine. Les jours raccourcissent, les températures chutent, le gris remplace
le bleu du ciel. Résultat : le moral fait grise mine. Et l’on se sent
fatigué, irritable, morose, parfois même déprimé. Les changements
météorologiques jouent sur notre humeur. Comment l’expliquer et y
remédier ?
1. Savoir que
c’est une émotion, rarement une maladie
« Les
cas où la baisse de l’ensoleillement est à l’origine d’une vraie maladie
dépressive sont extrêmement rares », rassure Michel Lejoyeux,
professeur de l’Université de Paris et responsable du département de psychiatrie
et d’addictologie Bichat-Beaujon.
Si la plupart des gens ressentent « une
émotion désagréable », quand il a plu toute la journée, quand il
commence à faire froid ou quand le soleil diminue, « la
France n’est pas atteinte d’une dépression généralisée » à l’automne, insiste
le professionnel de santé.
« Il
est important de faire la différence entre ce sentiment désagréable très
fréquent et une perturbation de l’humeur qui dure, qui s’installe et qui
nécessite un traitement », insiste le médecin, qui est aussi
l’auteur de l’ouvrage Les
quatre saisons de la bonne humeur .
Le véritable « trouble affectif
saisonnier » touche moins de 5 % de la population. « C’est
un trouble bipolaire qui survient avec l’arrivée de l’automne ou l’hiver.
Il se reconnaît par une perte d’envie, une culpabilité, un ralentissement
et une tristesse majeure. »
2. Mieux vaut bouger plutôt que « cocooner »
Un des dangers de la grisaille, c’est
d’y répondre par la sédentarité. (Photo d’illustration : PxHere)
Pour le petit coup de mou classique, pas
de panique, des solutions existent : « On
a à notre portée des petits antidépresseurs naturels », assure Michel
Lejoyeux.
Le sport et ses endorphines qu’il
libère, en sont un. « Un des dangers de la grisaille,
c’est d’y répondre par la sédentarité. On faisait assez naturellement du sport
ou une activité physique sous le beau temps, il faut garder cette habitude même
quand la météo ne s’y prête pas », conseille le psychiatre.
Certes, courir sous la pluie n’a pas la
même saveur que sous le soleil, mais il suffit d’adapter la nature de
l’activité à la saison. « Une étude a montré que le
fait de marcher six minutes rapidement augmente de 30 % le niveau de bonne
humeur », argumente Michel Lejoyeux.
3. Bannir les
faux amis que sont l’alcool ou les sucreries
Quand certains ont le moral dans les
chaussettes, ils cherchent un petit remontant et sont facilement tentés
d’arroser le temps humide. « On
a naturellement envie de se réfugier vers de faux amis comme l’alcool par
exemple. Or la consolation qu’il procure ne dure pas. En noyant le temps gris
dans un verre, on obtient l’effet inverse. L’alcool aggrave les émotions
négatives et peut même aboutir à une vraie maladie dépressive. »
Moins grave mais à bannir aussi selon
Michel Lejoyeux : se réfugier dans les sucreries…
4. Prendre
l’air pendant une heure au grand jour
Une étude a montré que le fait de
marcher six minutes rapidement augmente de 30 % le niveau de bonne humeur.
(Photo d’illustration : Pixabay)
Ce n’est pas tant le manque de chaleur
qui nous pèse que la faible luminosité. Alors rien de mieux qu’un peu de lumière
dans une journée un peu sombre pour se sentir mieux. « Quand
la lumière extérieure est faible, c’est d’important d’être dans des locaux bien
éclairés. Sans cela, il n’y a plus d’alternance entre la nuit et le
jour. »
Jardinage, promenade, sortie du chien… Les occasions de
sortir doivent rester quotidiennes. « C’est
bien de pouvoir passer une heure par jour en pleine lumière », souligne encore
le psychiatre parisien.
Pour une raison simple : la
vitamine D qu’on produit sous l’influence des UV, est essentielle. « Cette
vitamine assure le bon fonctionnement des neurones qui portent les émotions
positives. On risque d’en produire moins quand la luminosité baisse.
Concrètement, pour compenser, il faut manger des aliments riches en vitamine D,
comme le poisson. Si cela ne suffit pas, une ampoule peut être nécessaire,
après un avis médical. »
5. Retrouver
la bonne humeur dans l’assiette
Les spécialistes sont unanimes. La
recette de la bonne humeur se trouve aussi dans une alimentation équilibrée et
riche en vitamines. Et si certains aliments plus riches aiguisent notre
appétit, il faut savoir rester raisonnable. « Il
ne faut pas abuser des sucres rapides. Ils donnent un coup de fouet mais créent
dans la foulée un malaise », prévient Michel Lejoyeux.
Autre exercice de bonne humeur qu’il
conseille, autour de la table : « Reprendre
le temps de manger lentement en pleine conscience, en mastiquant bien. »
6. Cultiver
l’optimisme pour braver le froid et le Covid-19
Par ailleurs, ajoute Michel Lejoyeux, il
est nécessaire de ne pas se laisser aller au pessimisme. Encore plus
aujourd’hui, en temps de crise sanitaire. « On
doit déjà suffisamment faire preuve de vigilance avec la pandémie. Pas la
peine, en plus, de se croire atteint d’une dépression foudroyante parce que le
temps est moins bon… »
Le danger, selon lui, serait de « c ultiver
une sorte de pessimisme qui pourrait conduire à ne pas appliquer les mesures
sanitaires, dit-il. Certains pourraient aller jusqu’à se
dire, par exemple, qu’avec ce temps exécrable, on ne va pas en plus s’embêter
avec le masque et croire que les avis des médecins pour se protéger du Covid-19
ne servent à rien. »
Des études l’ont montré pour d’autres risques, rappelle le
spécialiste : « Plus on est pessimiste, moins on a
confiance en ses capacités de résister au danger. Paradoxalement, il faut un
certain optimisme et un peu de confiance en soi pour porter le masque toute la
journée et accepter les recommandations des experts », conclut Michel
Lejoyeux qui prépare un livre intitulé Les
quatre temps de la renaissance, qui traitera justement de nos
capacités à résister, en cette période épidémique, et des façons de renaître
après cette période inédite.
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