Le bâtisseur de ponts

Une courte histoire sur la difficulté du vivre ensemble et celle renouer des liens quand ceux-ci se sont cassés. Une histoire de ponts dans le bocage vendéen du siècle dernier illustrant parfaitement l'esprit du réseau du bocage vendéen
Bonne semaine à toutes et à tous.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »
− Isaac Newton
C'est l’histoire de deux frères qui s’aimaient beaucoup et vivaient en parfaite harmonie dans leur ferme du bocage jusqu’au jour où un conflit éclata entre eux.
On était à la fin du siècle dernier et les deux frères vivaient du travail de leurs champs. Ils cultivaient et récoltaient ensemble. Ils avaient tout en commun. Tout commença par un malheureux malentendu entre eux. Mais peu à peu, le fossé se creusa jusqu’au jour où il y eut une vive discussion puis un silence douloureux qui dura longtemps sans ça s'arrange.
Un jour quelqu’un frappa à la porte du frère aîné. C’était un homme à tout faire qui cherchait du travail. Quelques réparations à faire…
– Oui, lui répondit-il, j’ai du travail pour toi. Tu vois, de l’autre côté du ruisseau vit mon frère cadet. Il y a quelques semaines, il m’a offensé gravement et nos rapports se sont brisés au point que nous nous parlons plus. Je vais lui montrer que je peux aussi me venger. Tu vois ces pierres à côté de ma maison? Je voudrais que tu construises un mur de deux mètres de haut, car je ne veux plus le voir.
L’homme répondit:
– Je crois que je comprends la situation.
L’homme aida son visiteur à réunir tout le matériel de travail puis il partit en voyage le laissant seul pendant toute une semaine.
Quelques jours plus tard, lorsqu’il revint de la ville, l’homme à tout faire avait déjà terminé son travail. Mais quelle surprise ! Au lieu d’un mur de deux mètres de haut, il y avait un pont. 

C'est alors que le frère cadet sortit de sa maison et courut vers son aîné en s’exclamant:
– Tu es vraiment formidable! Construire un pont alors que nous étions si fâchés! Je suis fier de toi !
Pendant que les deux frères fêtaient leur réconciliation, l’homme à tout faire ramassa ses outils pour partir.
– Non, attends ! lui dirent-ils. Il y a ici du travail pour toi.
Mais il répondit:
– Je voudrais bien rester, mais j’ai encore d’autres ponts à construire…

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