Guaimaro, l’arbre magique qui protège la planète


Sur une planète menacée par le réchauffement, cet immense arbre tropical, vénéré par les anciens, renaît peu à peu en Colombie. Le guaimaro, appelé aussi « noyer maya », est doté de propriétés étonnantes, comme sa capacité à solidifier le gaz carbonique dans le sol : ce géant préserve le climat !
« Sans arbres, il n’y a pas d’eau et sans eau, il n’y a pas d’arbres ! Les gens coupent, brûlent pour cultiver, pour le bétail. Le bois se raréfie, les rivières s’assèchent » , déplore Manuel Duran, 61 ans. 
Conscient des dégâts causés par une agriculture irraisonnée, Manuel Duran, qui est né dans les marais du fleuve Magdalena, au cœur du pays, mais a été déplacé par la guerre, s’intéresse à un programme de reboisement dont le guaimaro est emblématique.
« Le guaimaro est un arbre magique ! », explique à Daisy Tarrier, 39 ans, directrice d Envol Vert , ONG franco-colombienne à l origine du projet. Enthousiaste, elle en détaille les qualités et celles de son fruit, sorte de baie orangée riche en nutriments.
Un arbre ancestral
Le Brosimum alicastrum pousse du Mexique au Brésil. Selon les pays, il est appelé « guaimaro », « ramon », « campeche », « ojoche », « mewu », etc. ou en français « noyer maya ». Pour cette civilisation pré-colombienne, il était aussi essentiel que le maïs. Il le reste aujourd’hui pour nombre dindigènes, mais beaucoup de paysans en ont oublié les qualités.
« Le fruit du Gaimaro contient autant de protéines que le lait, quatre fois plus de potassium que la banane, autant de fer que les épinards, quatre fois plus de magnésium que le haricot rouge  » , autre aliment de base en Amérique latine.
Cet arbre aux feuilles persistantes, qui équilibre les sols acides, solidifie dans la terre le CO2, responsable du réchauffement climatique. Il ne le relâche donc pas dans l’atmosphère quand il meurt, contrairement à la plupart des arbres. Il s’élève jusqu’à 50 m et s’enracine aussi profondément dans le sol. Cela le rend résistant aux sécheresses comme aux ouragans. Le guaimaro peut même renaître de ses cendres après un incendie, tel le phénix.
« Cet arbre a une grande capacité de s’adapter à différents climats et peut supporter divers types de sols, d’humidité, d’altitude, de température […] et de nombreux animaux s’alimentent de son fruit, ce qui en fait une espèce importante pour la conservation », souligne dans sa thèse la biologiste colombienne Monica Florez. « J’ai toujours beaucoup aimé le guaimaro parce qu’il donne de l’ombre et quand ses feuilles tombent, le bétail les mange. Ses racines renforcent le sol, conservent l’humidité et ses fruits sont bons », explique Maria Alarcon, 64 ans.
Vivant une centaine d’années, un guaimaro donne 180 kg de fruits en mars-avril. Ils se consomment frais et en jus, en soupe et en purée comme la patate. Mais aussi grillés, puis moulus pour une infusion au goût de café chocolaté. Des indigènes en tirent des remèdes contre l’asthme, l’anémie, les rhumatismes. « Mais il va falloir planter beaucoup pour remplacer tous les arbres qui ont été perdus », avertit Maria Alarcon, les mains dans la terre.
O.F. 23/03/2018

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