Y a-t-il une limite à l’espérance de vie humaine ?


Une question pas si bête que ça.

En France, après un recul en 2015, l’espérance de vie à la naissance progresse pour les hommes (79,5 ans) et reste stable pour les femmes (85,3 ans), selon le bilan publié par l’Insee ce mardi. Après avoir stagné jusqu’au début du XIXe siècle, l’espérance de vie humaine augmente en moyenne de 2,5 ans toutes les décennies dans les pays riches. Pourtant, le record de longévité détenu par la Française Jeanne Calment, morte en 1997 à 122 ans, n’a toujours pas été battu.
Selon le dernier bilan démographique de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), publié ce mardi, l’espérance de vie à la naissance a progressé pour les hommes à 79,5 ans en 2017 (+0,2 point par rapport à 2016, +2,1 points par rapport à 2007). Elle est restée stable pour les femmes par rapport à 2016, à 85,3 ans (+0,9 point par rapport à 2007).
Il convient néanmoins de distinguer « espérance de vie » et longévité. L’espérance de vie à la naissance est ainsi une moyenne des âges de décès observés sur une population donnée. Même en imaginant qu’un individu atteigne l’âge de 200 ans mais que tous les autres continuent de mourir à 80 ans, cela ne fera pratiquement pas bouger l’espérance de vie globale.
Baisse de la mortalité infantile et boom des centenaires
Le progrès considérable de l’espérance de vie constaté au cours du siècle dernier a d’abord été gagné grâce à la chute de la mortalité infantile (-74 % dans le monde depuis 1960), puis par une part croissante de personnes vivant jusqu’à un âge avancé. Mais depuis les années 2000, les gains tendent à se tasser.
En France, l’espérance de vie a même reculé pour la première fois en 2015 depuis les deux guerres mondiales (avant de remonter un peu en 2016). Un simple accident, pour Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dû notamment à la canicule.
« Jusqu’en 2000 environ, on pensait que l’espérance de vie moyenne aller se stabiliser lorsque la médecine permettrait à chacun de s’approcher une limite biologique du corps humain, explique l’expert. Pourtant, l’âge maximum ne cesse d’être repoussé et le nombre de centenaires double toutes les décennies depuis cinquante ans », continue-t-il.
« Il n’y a aucune raison biologique à l’existence d’une limite de la durée de vie », renchérit le professeur James Vaupel, directeur de l’Institut Max-Planck de démographie en Allemagne. Le chirurgien et Président de la société DNAvision Laurent Alexandre assure même que « l’homme qui vivra 1 000 ans est déjà né ».
Injection de sang jeune et greffe d’organe à la demande
De fait, les dernières avancées scientifiques sur « l’immortalité » ont de quoi faire réfléchir. Des chercheurs sont parvenus en 2016 à « rajeunir » des souris âgées en leur injectant du sang d’adolescents humains.
De récentes études se sont penchées le moyen d’éviter le vieillissement des télomères, ces bouts de chromosomes qui tendent à raccourcir au fil du temps, accélérant la mort des cellules. Des équipes planchent sur des « organes de remplacement », cultivés en laboratoire et implantables à la demande. Quand il ne s’agit pas tout simplement de greffe de cerveau, une hypothèse pas si farfelue puisque des neuroscientifiques sont parvenus en 2017 à remplacer des cellules cérébrales lésées par des cellules saines.
Des progrès contrecarrés par l’obésité et l’alcool
Malheureusement, même si un jour ces technologies sont véritablement au point, il est fort à parier qu’elles resteront inaccessibles au vaste commun des mortels. Une toute petite élite pourra peut-être vivre jusqu’à 500 ans tandis que des enfants continueront à mourir du choléra à 3 ans dans les pays en développement.
Même au sein des pays « riches », plusieurs facteurs pourraient remettre en cause la hausse de l’espérance de vie. Aux États-Unis, pour la première fois depuis vingt ans, l’espérance de vie a diminué entre 2014 et 2015, passant de 78,9 ans à 78,8 ans. En cause : l’augmentation des maladies chroniques (Alzheimer, affections cardiaques et respiratoires). Selon une autre étude parue fin 2015, la mortalité chez les Américains blancs d’âge moyen a recommencé à augmenter depuis quinze ans en raison des abus d’alcool, de drogue et des suicides.
OF 06/01/2018

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