J'ai fini par accepter le cancer pour le combattre


 Lu dans Ouest France du 5 Octobre 2017, : Son histoire a toute sa place dans «  philopositivons ». Nous connaissons tous dans notre famille, notre entourage, … une ou des personnes atteintes d’un cancer. Cette Alençonnaise de 46 ans, touchée par plusieurs cancers, se bat depuis six ans. Avec un mental incroyable. Ses conseils vécus méritent vraiment d’être publiés ici. 
« Ça a débuté il y a six ans. Je prenais ma douche. Et j’ai senti une boule. Une semaine après, mammographie, biopsie. Et là, le ciel me tombe sur la tête. Un cancer agressif de stade 4. Alors que j’allais bien. 
C’est un tsunami. Ta vie change totalement et tu sais que ça ne sera plus jamais pareil. Le seul truc que j’avais en tête, en permanence, c’est : je vais mourir. Je n’arrivais plus à regarder mes enfants, qui avaient 5 et 10 ans à l’époque. Quand ça arrive, tout le monde embarque dans le même bateau. Sans savoir où on va.
Submergée par la peur, la colère, l’angoisse

La première séance de chimio, je sors comme si de rien n’était. J’arrive à la pharmacie pour acheter des médicaments destinés à lutter contre les effets secondaires, et là, je passe de 40 à 90 ans. Je n’arrive plus à articuler, j’ai des douleurs musculaires et abdominales terribles. Ça dure six mois.
Après il y a eu la radiothérapie, l’hormonothérapie… Des fois, ça va. D’autres, je me dis que je ne vais pas passer la nuit tellement c’est difficile. Dans le même temps, je suis submergée par la peur, la colère, l’angoisse… Je n’arrive pas à accepter la maladie. Et ce qu’elle entraîne : plus de vie sociale, les douleurs quotidiennes, la fatigue, les modifications physiques…
( A ce stade, on vous passe sur tout ce qu’elle a vécu avec l’évolution du cancer du sein vers un cancer métastatique osseux. ) 
Retraitement ; comme une maladie chronique
En janvier 2017, rebelote. Cette fois-ci, en plus du dos, certains organes sont touchés. Re-chimio. 
La différence ? 
J’ai accepté le fait que ça pouvait revenir. Comme une maladie chronique. J’ai accepté que des jours, ça va, d’autres pas... Avant, le simple fait d’aller à une séance de chimio me rendait malade. Je ne pouvais pas regarder le produit. 
Maintenant, je me dis que cette chimio a été faite par des chercheurs qui travaillent dur pour qu’on puisse s’en sortir, que la science avance et que la maladie recule. C’est une sorte d’élixir d’amour.
Le jour où je me suis dit ça, j’ai mieux supporté la chimio.  Le mental fait tout, ou presque dans cette maladie. Mon énergie n’est plus dépensée à lutter contre l’idée de la maladie. Mais contre la maladie elle-même.
Mi-septembre, j’ai à nouveau récidivé. Mais j’étais tellement contente d’entendre qu’il n’y avait plus rien aux poumons et au foie – mon cancérologue me l’avait dit à la récidive précédente, mais je ne l’avais pas enregistré – que j’ai dit : bon… Je le vis comme ça. Le plus dur, c’est de passer les examens et d’apprendre la récidive. Une fois que le diagnostic est posé, ça va…
Là, j’en ai marre d’être à la maison. C’est aussi très dur pour mes enfants. Il y a ce spectre de la mort qui plane depuis six ans. À chaque récidive, ils me demandent : tu vas mourir ? Je leur ai dit : quoi qu’il arrive, vous serez toujours au courant de tout, je ne vous cacherai rien. 
Je leur explique bien les choses, je préviens les équipes éducatives, j’ai mis en place un suivi psy quand c’était nécessaire. Il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans la culpabilité. 
Je me dis que ça leur apportera une force dans leur vie d’adulte. Que tout cela n’aura pas servi à rien. La maladie les fait grandir plus vite que prévu, et je suis très admirative de la façon dont ils font face.
Transformer tout ça en quelque chose de positif
Mon conseil ? Essayer de trouver un petit rayon de soleil tous les jours, et s’accrocher à ça. Il y a aussi la « médoucine » : les soins socio-esthétiques avec la Ligue ; l’équipe d’accompagnement mobile du centre hospitalier, avec des psys ; le service de chimio d’Alençon, une vraie pépite, d’une humanité et d’une écoute extraordinaires. Ils soignent, cajolent, consolent. On n’est pas un numéro, mais un être humain. Je ne vais jamais à reculons faire ma chimio !
Il y a aussi l’entourage, ma famille, mes amis proches, mon cancérologue et mon médecin traitant, qui sont toujours à mon écoute. À chaque fois que j’ai eu un doute, ils m’ont dit OK, on fait des examens. Il ne faut jamais faire l’autruche, apprendre à s’écouter, car ça se joue parfois à six mois…
Enfin, il y a mes chiens, Ulysse et Mister Jingle, qui ont été d’une aide exceptionnelle. J’aimerais d’ailleurs un jour écrire un projet de médiation animale avec les malades du cancer.
 Il faut transformer tout ça en quelque chose de positif ! »

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